Quelle est l’origine et l’histoire du Pérou et de son peuple ?Quelle est l’origine et l’histoire du Pérou et de son peuple ?


Quelle est l’origine et l’histoire du Pérou et de son peuple ?

Histoire du Pérou

Dans l’imaginaire collectif de beaucoup, l’image de l’empire Inca est l’emblème même de l’Histoire du Pérou. S’il est vrai que cette culture a fortement marqué le Pérou actuel, il faut savoir que les Incas n’ont régné qu’à peine 100 ans et que ce territoire a vu se développer de très nombreuses autres cultures avant eux. La première importante est la culture Chavín, à l’est de Huaraz. Pour la première fois, on voit se développer des échanges artistiques et culturels, donnant une certaine unité à la région. Tissages, poteries, méthodes d’agriculture, techniques d’architecture, travail des métaux précieux (or, argent, cuivre), les connaissances se diffusent et un espace relativement homogène se crée. Peu après, on peut citer les cultures Mochicas ou encore Chimu près de Trujillo ou Nazca et Paracas sur la côte sud et Tiwanaco sur l'Altiplano. Puis, les Huari, entre 600 et 1100 après J.C. parvinrent à une unification beaucoup plus avancée dans les Andes, politiquement et administrativement. C’est dans ce contexte de mosaïque de cultures et de rivalités que va voir lieu l’expansion Inca et de l’empire du Tahuantinsuyo (empire des 4 directions).

La domination Inca ne dura en réalité que bien peu de temps : de 1438 à 1532. Une expansion fulgurante depuis Cusco a été rapidement suivie d’une très grande organisation de tous les territoires annexés, depuis le nord du Chili et de l’Argentine jusqu’en Equateur et au Sud de la Colombie ; c’est à cette époque qu’est construit le fameux Machu Picchu (pour plus de précisions sur l’histoire inca, voir la page qui lui est destinée). Mais l’intégration des différents peuples à l’empire de façon aussi brutale que rapide ne pouvait pas se faire sans quelques rébellions des autres peuples ; et cela, doublé d’instabilités politiques, favorisa la conquête espagnole.

En 1534, Fransisco Pizarro arrive à Cusco. L’Inca étant politiquement instable, effrayé par des rumeurs et des mauvais présages qui circulaient, Pizarro prend le contrôle de l’empire avec ses 137 hommes, fait emprisonner et exécuter Atahualpa, et s’empare des terres et des richesses incas. S’en suit une période de massacres et d’esclavagisme massif des populations locales. Huit millions de personnes moururent de froid, de faim, de maladies apportées d’Europe (variole, typhus, etc.), et de travail forcé, pour lequel des milliers d’esclaves africains ou indiens mourraient, d’accident ou de fatigue. Les colons espagnols s’approprièrent toutes les terres, utilisant les populations locales pour les travailler et ne leur laissant que le strict minimum pour assurer leur survie. En parallèle à l’exploitation militaire et coloniale, l’arrivée de missionnaires chrétiens parachève la décapitation de l’ordre et de la culture inca. La tyrannie des curés serre ses griffes sur la vie des indiens, qui sont obligés d’assister à la messe, ne peuvent rien fêter sans l’autorisation du curé, et sont constamment surveillés pour maintenir les bonnes mœurs, l’ordre et la morale ; commence alors un lavage de cerveau intensif à une population déjà épuisée et asphyxiée par l’exploitation des colons. La désorganisation sociale se couple d’une perte d’identité, de croyances, de cohérence de conception du monde. 

Rapidement, Pizarro fonde la Cité des Rois, l’actuelle Lima, car Cusco était trop au cœur des Andes pour la domination navale espagnole. Lima devient l’un des deux premiers ports en Amérique Latine (les seules deux autorisées par l’Espagne afin de maintenir un contrôle strict), et la Vice-royauté du Pérou devient incroyablement puissante. Ce sont les Espagnols venus d’Espagne qui tiennent les rênes, les descendants d’Espagnols nés en Amérique (les créoles) n’ayant pas de poste à haute responsabilité. Les métis sont souvent relégués aux travaux sans importance et les amérindiens ne sont à cette époque des esclaves ou de la marchandise pour le reste de la société (la terre était vendue avec les Indiens qui y vivaient comme main d’œuvre «gratuite»). Dans le cadre de cette société extrêmement hiérarchisée et féodale, le descendant de la royauté Inca prend le nom de son ancêtre, Tupac Amaru, et mène en 1781 la première tentative de rébellion sérieuse, qui sera écrasée dans un bain de sang sur la place publique de Cusco.

L’indépendance ne viendra pas de ces mouvements luttant contre l’injustice faite aux indigènes, mais de la population créole, mécontente de la mainmise espagnole sur leurs affaires, et de leur impossibilité d’ à accéder à des postes réellement clés pour le pays. En 1821, les deux grands libérateurs de l’Amérique Latine se retrouvent au Pérou : José de San Martin arrive à Lima et y prononce son indépendance, et Bolivar prend ensuite le relai en gagnant les batailles de Junin et d’Ayacucho en 1824, rendant réelle cette indépendance à partir de 1826 avec le départ complet et définitif des espagnols. Par la suite, vient une période de certaine instabilité régionale, avec des guerres contre les pays voisins pour gagner des territoires riches en ressources naturelles, comme celle contre le Chili entre 1870 et 1883, qui fait encore aujourd’hui l’objet de très fortes rancœurs historiques. 

L’histoire du XX° siècle au Pérou est écrite par les grands propriétaires terriens et les militaires. Au début du siècle, une dictature corrompue prend le parti de l’enrichissement personnel et de l’oligarchie pesante du pays. En réaction à cela, Haya de la Torre fonde l’APRA en 1921 : le premier parti politique du Pérou, marxiste, veut se lancer dans une guerre claire et ouverte contre les injustices induites par ce gouvernement oligarque et dictatoriale, ce qui lui vaudra d’être interdit et censuré entre 1930 et 1945. L’APRA gagnera les élections de 1962, mais un coup d’Etat vient empêcher son accession au pouvoir (qui mettait en danger les possessions et le pouvoir de l’oligarchie). En 1969, c’est Velasco qui arrive au pouvoir par la force : il va mettre en place la politique de l’APRA, avec des nationalisations massives, des saisies des possessions étrangères, un contrôle strict des prix, et une réforme agraire urgemment nécessaire, mais très mal conçue et encore plus mal appliquée. De plus, frappée par la crise pétrolière de 1973, l’économie du pays sombre dans un gouffre. Les mécontentements sociaux et les manifestations répétées mènent à un nouveau coup d’Etat.

C’est dans ce désordre sociopolitique que naît le mouvement terroriste qui va marquer les années 1980 à 2000. Outre le Movimiento Revolucionario Tupac Amaru (du nom du rebelle de 1781), le Sendero Luminoso (sentier lumineux), mouvement guérilléro maoïste/marxiste, est fondé par Abimaël Guzman : ce sont les étudiants et les amérindiens dans une guerre ouverte contre l’Etat péruvien avec des enlèvements et des attentats ciblés. S’en suivra une répression sanglante de l’armée ; les paysans, terrorisés, forcés à choisir entre collaborer avec l’armée ou avec les terroristes, pris entre le marteau et l’enclume, sont ceux qui ont le plus souffert de cette guerre civile.  

L’arrivée au pouvoir d’Alberto Fujimori en 1990 marque une étape importante pour le pays. Pour redresser la situation économique terrifiante, il a recourt à une libéralisation brutale et drastique de l’économie: privatisations, licenciements massifs, libéralisation des prix, ouverture aux capitaux étrangers… Cela eut pour effet une inflation pire que jamais, mais à long terme, une certaine stabilisation. Il prit également des mesures drastiques contre le terrorisme, à grands coups de violation de droits de l’Homme et de bain de sang. Mais le terrorisme était vaincu, décapité par l’arrestation de ses plus hauts responsables. Fort de ces ‘’victoires’’ et de sa popularité gagnée à coup de politiques populistes, il procède à un auto-coup d’Etat, dissout le Congrès, et fait remplacer la Constitution à son avantage. Après d’autres scandales comme la stérilisation forcée de 400,000 amérindiens, le temps de son gouvernement se termine par un scandale de corruption majeur impliquant son proche collaborateur Montesinos, mais aussi de la fraude électorale, des détournements de fonds, du trafic de drogues, des homicides… Il finit par fuir au Japon.

Président du retour à la démocratie, Alejandro Toledo est aussi le premier président métis/amérindien, non issu de l’élite blanche de Lima. C’est le début d’une croissance économique et d’une stabilité sans égale dans l’histoire du pays. Pendant ces années, la Commission de la Vérité et de la Réconciliation fait un travail remarquable pour faire la lumière sur les années noires que le Pérou vient de traverser, entre terrorisme et fujimorisme. En 2006, Alan Garcia est élu, représentant toute la dérive néolibérale de l’APRA dont il est le candidat : politique tournée vers l’investissement extérieur, limitation des droits du travail, problèmes dans l’exploitation des ressources naturelles et des droits des peuples indigènes… Malgré tout, la stabilité et la croissance économique est incomparable : le développement est réel, le niveau de vie s’améliore…

En 2011, nouvelles élections présidentielles : les tensions autour des enjeux de cette élection sont fortes, car les injustices sociales ne sont ni résolues ni même traitées. Le deuxième tour a vu s’opposer Keiko Fujimori (oui, la fille de M. Fujimori père, ce qui montre à quel point son populisme n’a pas disparu) et Ollanta Humala (l’actuel président) : ethnocaceriste, militaire populiste, il se revendique (revendiquait ?) de gauche, indigéniste et nationaliste pour une « révolution sociale et éducative ». Il faisait peur, agitant le spectre de l’extrême gauche latinoaméricaine à la Chavez (qui lui avait ouvertement accordé son soutien en 2006) : promesses de nationalisations, de redistribution du revenu, de limitation des investissements étrangers, Etat central fort… En réalité, loin de ce discours électoral gauchiste, il semble à présent suivre une ligne de conduite extrêmement proche de celle de ses prédécesseurs. La pression de l’oligarchie liménienne héritée de la colonie, qui n’a jamais lâché le pouvoir, a-t-elle réussi à le faire plier, ou n’est-il qu’un fin stratège politique sachant manipuler les frustrations de ses concitoyens ? C'est le panorama qui continue à régner au Pérou aujourd'hui, entre le capitalisme total et un socialisme de type Chavez, avec une forte corruption dans l'État et dans les groupes politiques. est la question au Pérou.  Que peut-on faire pour sortir de cette constante historique ?

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